Ça y est, vous êtes en Israël
mais vous vous sentez déconnecté de la réalité israélienne. Parce que vous ne
maîtrisez pas suffisamment l’hébreu pour communiquer avec les israéliens non
francophones, parce que vous ne comprenez pas les infos en Ivrit à la télé, à
la radio, et que les journaux israéliens ou les sites en hébreu, pour vous,
c’est du chinois. Et pourtant vous avez fréquenté assidûment l’Oulpan, mais ça
ne suffit pas.
Moi aussi je suis revenu en
Israël après une longue, trop longue, étape en Galout et j’ai senti le désarroi
et la résignation de nombreux francophones, qui, malgré tous leurs efforts
et/ou une fréquentation de l’Oulpan, patinent en hébreu et ont le sentiment -
souvent justifié - de ne pas progresser.
A la lumière de mon expérience de
« prof d’hébreu » et
d’Interprète assermenté d’hébreu auprès de la Cour d’Appel, je me suis rendu
compte d’un certain nombre de défaillances dans l’apprentissage classique de
l’hébreu ; alors j’ai imaginé, pratiqué en France, et pratique aujourd’hui en Israël avec des élèves francophones, une autre méthode qui
s’apparente d’avantage à du Coaching appliqué à la pratique de la langue
hébraïque, qu’à de l’enseignement classique. Je l’ai appelé Madrikh Léivrit. Cette méthode part d’un certain nombre
de constats:
- Chacun d’entre nous a un dérékh
(route) diffèrent, qui tient compte de son propre parcours à travers la langue
hébraïque : prières dans un siddour (livre de prières), étude de la Torah,
apprentissage de l’hébreu dans la rue, Oulpan, déchiffrage de documents
administratifs. Chacun d’entre vous a donc un acquis en hébreu, composé d’un
certain vocabulaire. La difficulté consiste à associer les mots que l’on
connait à des mots que l’on découvre et qu’on croit ne pas connaitre. Or, le
retour à la racine permet, avec un peu d’imagination et de logique, de faire le
lien entre le connu et l’inconnu. Ainsi le mot madrikh est de la même racine
que le mot dérékh (route), dérékh hanahal (le long de la rivière), badérékh (en
route pour), kédarko (selon son habitude), darka chél Torah (la voie de la
Torah), dérékh éréts (la voie de la terre = politesse, conduite irréprochable),
tfilat hadérékh (prière voyage), darkon (passeport), et enfin madrikh Léivrit,
celui montre le chemin à travers le labyrinthe. Il suffit donc de connaître un
ou deux mots d’une racine pour deviner, avec un peu d’effort et de logique, le
sens des autres mots qui dérivent de la même racine. L’hébreu est une langue
logique ; il suffit de se mettre à la place des inventeurs de l’hébreu moderne,
qui devaient trouver des mots ou des expressions modernes à partir de l’hébreu
biblique.
- L’apprentissage classique de
l’hébreu se fait en général dans des textes (dits simples) totalement ou
partiellement voyellisés, où le professeur enseigne le sens de tous les mots.
D’après mon expérience, le dérekh à l’hébreu passe par les textes non
voyellisés que l’on trouve sur les sites Internet ou dans les journaux en
hébreu. En effet, les voyelles figent le sens du mot. L’intérêt n’est pas de
connaitre la signification du mot « darkon » mais de savoir qu’il vient de la
racine D R KH, qui renvoie sur des dizaines d’autres mots. Internet et les
journaux reflètent la vie en Israël, celle qui précisément échappe aux
Francophones. Certains textes comme le Newsletter d’Israël Hayom sont
parfaitement abordables et, les personnes qui travaillent avec moi sur ces
textes - réputés difficiles, sinon inabordables - progressent avec moi beaucoup plus rapidement à
travers la langue hébraïque que par les méthodes traditionnelles.
- Un autre obstacle consiste à
vouloir connaître tous les mots d’une phrase pour chercher à comprendre le sens
de la phrase, et à se décourager si l’on n’arrive pas à déchiffrer un ou deux
mots de la phrase. Or, il suffit de connaître quelques mots seulement d’une
phrase pour en découvrir le sens général. Votre objectif n’est pas d’exceller
en hébreu et d’apprendre des mots qui ne sont pas d’une grande utilité, mais de
déchiffrer le sens général d’une phrase, écrite ou parlée.
Des recherches personnelles m’ont
permis de constater que, souvent, les mots en hébreu ont donné naissance à des
mots proches dans d’autres langues (en général dans les langues
anglo-saxonnes), ou bien, sont issus de mots grecs, latins, arabes, turcs. …
Quelques exemples :
additionner _ od
(encore) , agréger _ agar, aide _ yad (main), air _ avir, albinos _ lavan (blanc), also, all _ kol (tout), Ausculter _ ozén(oreille), auxilliaire _ ozér (aide), aware _ ér (éveillé), ash _ éch (feu), aura _ or
(lumière), adonis _ adon (monsieur), ancient _ yachan (vieux), ass _ aton (âne), balbutier _ balbél, believe _ ba lév (dans le coeur), butcher _ bassar (viande), call _ kol (voix), cold _ kar, collectif _ kol (tout), comme _ kmo, damner _ dan
(juger), démos_ adama (terre), diluer_ dalal ....
Il convient donc de s’interroger
si tel mot en hébreu auquel on est familiarisé n’existe pas, sous une forme
légèrement différente, dans d’autres langues. Ainsi le Maror de Pessa’h
provient de Mar qui signifie tout bonnement « amer ».
Enfin, pour les personnes qui ont
une bonne connaissance de l’hébreu biblique et/ou du Siddour et qui ont des
difficultés de passer du Lashon hakodesh aux textes dits « ‘Hol », une légère
adaptation de la méthode permet de franchir le pas en démontrant la
proximité entre l’hébreu tanakhique et l’hébreu moderne.
La méthode consiste à faire progresser les élèves dans la lecture et l'hébreu parlé. Les séances durent 2 heures (intensives), voire d'avantage, et réunissent entre 4 et 8 personnes.
La méthode consiste à faire progresser les élèves dans la lecture et l'hébreu parlé. Les séances durent 2 heures (intensives), voire d'avantage, et réunissent entre 4 et 8 personnes.
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