La période pré-électorale en Israël réchauffe considérablement
les esprits. Confusément, malgré les sondages, en général plutôt fiables, on s’attend
à une surprise de taille. Et la peur de l’inconnu rend cette période plus
angoissante encore que ne pourrait l’être
une opération militaire où on sait que Tsahal, tôt ou tard l’emportera.
Une élection en Israël peut transformer radicalement le
paysage sociologique de la nation, et la question clé qui taraude à nouveau les
esprits reste et demeure l’enrôlement des Bahourey
(étudiants) Yeshiva dans Tsahal. Cela
est d’autant plus aigu lors de cette élection du fait de l’apparition sur la scène politique
israélienne de deux nouveaux venus. L’un,
Yaïr Lapid, fils de son père, ne donne pas dans la finesse et prône l’égalité totale
devant la circonscription. Le second, Naftali Benet, nouveau patron du Baït Hayéhoudi présente un profil plus
subtil dans la mesure où il a servi de longues années avec brio dans l’armée mais,
qui plus est, est religieux ; d’une » religiosité » certes différente
de celle des Harédim (orthodoxes) qui
refusent de servir dans Tsahal. Il serait donc possible en théorie de servir
dans l’armée, de faire des études supérieures, de réussir financièrement dans
le High-Tech, et aussi de prier 3 fois par jour. A quoi les Orthodoxes
répondent : O.K, mais il ne sera jamais un grand érudit comme pourraient l’être
ceux qui étudient non-stop le Talmud et qui ne peuvent interrompre leur études.
Face à ce paradoxe apparent une tendance lourde se dessine en Israël : O.K
pour qu’il y ait en Israël des Grands Rabins, érudits et tout et tout, mais
combien parmi les étudiants des Yéshivot possèdent l’endurance et les capacités
intellectuelles pour le devenir ? Moralité, faisons une exception pour une
poignée d’étudiants brillants mais que les autres servent dans Tsahal comme tout
un chacun. C’était d’ailleurs la vision de Ben-Gourion lorsqu’il a accepté de
créer l’exception au Service militaire des Harédim.
Quant au Rav Ovadia Yossef, coutumier de sorties fracassantes,
il a déclaré lors de son intervention hebdomadaire du samedi soir que si l’on
contraignait les Bahourey Yéshivot de
servir dans l’armée, il n’y aurait d’autre solution pour eux que de quitter
Israël pour un ailleurs où on leur permettra d’étudier à leur guise. Malgré mon choc initial j'ai été sensible à l’angoisse qui étreint ce Sage pour qu’il se laisser aller à
une telle déclaration. Son amour d’Eretz
Israël n’est pas discutable ; donc, il perçoit sans doute un danger
que nous, commun des mortels, ne pouvons ressentir.
Je me suis souvent laissé aller à stigmatiser les sorties
tonitruantes et souvent choquantes de Rav Ovadia Yosef, mais je n’ai pas l’intention
d’en faire autant après cette déclaration, qui peut cependant terriblement déranger.
Après ce que nous avons vécu pour mériter cette terre ou, après que Hashém, malgré nos erreurs et nos
errements, ait décidé qu’il était temps pour le peuple d’Israël d’en prendre
possession, qu’un grand rabbin en Israël dise : quittons la, parce que la
Torah et ceux qui l’étudient, sont menacés, mérite réflexion.
Il a peut-être raison. Après tout il y a toujours eu en
Israël des Sages - et je ne parle pas des Prophètes – qui ont vu plus loin et
avec plus de clarté les dangers qui se profilent à l’horizon, et ,il est clair à mon sens que les véritables périls qui menacent Israël, ne viennent pas de l’extérieur
mais bien des divisions internes qui écartèlent le pays.
J’ai entendu une opinion intéressante de Rav Oury Cherki qui suggère d’imposer à tous les jeunes qui intègrent l’Université d’étudier au moins deux traités de Talmud, en contrepartie de l’obligation des « religieux » de servir dans l’armée. Que chacun fasse un pas vers l’autre pour mieux se comprendre. Je doute que cette proposition soit reçue mais je la trouve fort pertinente.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire