vendredi 17 avril 2020

Israël, un Etat des lieux

Ganz, dans son immense naïveté, a non seulement perdu la partie face à Netanyahou mais a fait perdre à Israël la seule chance qu’il restait au pays de voir un jour au pouvoir un gouvernement de centre-gauche. Au lieu de rester dans l’opposition, l’inénarrable Amir Peretz, l’ex ministre de la Défense qui tient les jumelles à l’envers, a rampé derrière Ganz pour se mettre au service de Bibi, alors que personne ne lui demandait rien et que les deux ou trois pauvres voix qu’il apportait dans sa corbeille de mariage n’avaient plus aucune utilité. Ce faisant, Peretz a enterré définitivement le parti Travailliste, certes en mauvaise posture mais qui aurait peut-être pu renaître de ses cendres avec un leader moins abruti à sa tête.
Les déclarations pompeuses de Bibi à la télévision de vouloir un gouvernement d’union pour faire face à la crise sanitaire ont été prises au sérieux par Ganz qui s’est empressé, la main sur la couture du pantalon, de se mettre au service de la Nation. Il y a sincèrement cru, c’était visible et à ce titre il est excusable. Mais il a fait voler en éclat 1/ la formation Ka’hol-Lavan, 2/ les promesses faites à se électeurs de dégager du pouvoir un Premier ministre trimbalant trois charges d’accusation. L’épidémie « gentil hérisson » (voir mon article  ) justifiait elle un tel virage ; certains diraient une telle trahison ?
A mon avis certainement pas. D’abord parce que Ganz n’apportait aucune compétence, ni sanitaire ni économique, ni stratégique dans la gestion de la crise. Secundo : parce que Netanyahou - je l’ai écrit et répété - n’a pas pour habitude de partager le pouvoir avec qui que ce soit, tertio : parce qu’il est notoire que Bibi ne tient jamais ses promesses, quarto : parce que, la menace de la Cour Suprême visant à empêcher Bibi d’exercer ses fonctions de Premier Ministre devenait plausible s’il partageait sa fonction à parité avec Ganz.
 Conséquence, Ganz a perdu la partie et doit en tirer les conséquences avec un seul objectif en tête : permettre l’émergence d’une opposition structurée au Likoud /Harédim, se mettant en retrait au profit d’un leader aux dents plus pointues.
 Quant aux Harédim, trop contents d’avoir échappé à une coalition qui les laisserait sur les bas côtés de la route, la crise sanitaire devrait théoriquement leur enseigner quelques bricoles :
 D’abord qu’il est « malséant » de traiter les gars et filles venus leur inculquer un peu de discipline de « Nazis » et « d’antisémites » parce que les forces der l’ordre et les soldats n’étaient là que pour les aider, lire, pour maintenir en vie le plus grand nombre ; ce qui est encore plus juif que juif.
 Que les consignes rabbiniques, à de rares exceptions près, entendues dans la rue harédie relevaient du grand n’importe quoi. Les Harédim ne se sont réveillés que lorsqu’ils ont appris la mort de leurs cousins d’Amérique, d’Angleterre et de France qui tombaient comme des mouches, encore plus mal conseillés par leurs rabbins respectifs. En clair, ce n’est pas le harédi lambda qui est à blâmer mais les soi disant leaders d’opinion dits « rabbins » qui dictent la loi dans le shtetel.
 J’aurais cru que la sagesse accumulée pendant des générations ainsi que les enseignements du Talmud auraient dû les préparer davantage à un fléau, certes d’un genre nouveau, mais de la même famille que les pestes, épidémies, catastrophes et cataclysmes qui se sont abattus sur les juifs en particulier et l’humanité en général. A mon humble niveau, la lecture seule téhilim (psaumes) au coucher me rappelle chaque jour que je si je veux échapper au à la peste, au malfaisant qui attaque la nuit et l’après midi, je n’ai qu’à m’abriter sous les ailes du Très-Haut et non pas d’écouter les conseils et harangues de rabbins. J’ai espoir que les plus évolués d’entre eux comprendront la leçon, mais j’en doute.
 Cette peste, traitée par les autorités, comme une mesure d’intérêt public supposait la solidarité dans le peuple et l’autodiscipline ; les populations en Asie du sud-est l’ont parfaitement intégré et s’en sont bien sorties dans l’ensemble, parce qu’un lit d’hôpital disponible est un bien précieux et l’occuper par je-m’en-foutisme est un crime. Mais l’intégration du Klal, de l’intérêt du plus grand nombre ne doit pas être réservé en cas d’épidémie seulement ; les Harédim et les Arabes israéliens devront désormais occuper leur place dans la vie de la nation en se rendant utiles dans le service civique et autres activités qui rendent service à ceux qui ne leurs ressemblent pas, faute de quoi ils n’ont pas vraiment leur place en tant que citoyens responsables.
Nous n’avons pas traversé la mer rouge puis le Jourdain pour que certains disent à Josué « non, nous ne combattrons pas les cananéens, que les autres le fassent à notre place, mais la terre d’Israël sera à nous aussi. Ça ne marche pas comme ça.


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 Et si on profitait de cette accalmie de roquettes pour parler des Harédim. Pardon, de certaines mouvances hassidiques, pour qui, la néglige...