lundi 19 novembre 2018

Bibi a peur, non pas du Hamas, mais de l’opinion publique internationale


La riposte israélienne aux 500 missiles qui ont été tirés de Gaza sur Israël a été pour le moins chirurgicale. On touche des immeubles mais on prévient auparavant les occupants pour qu’ils les quittent, en leur donnant tout le temps nécessaire. On opère avec anesthésie en prenant bien garde de ne toucher aucun organe vital. Ce n’est pas une riposte militaire, c’est une opération immobilière, une invitation aux promoteurs de reconstruire les immeubles à moindre frais. Les pilotes israéliens se vantent d’ailleurs d’être en mesure de pulvériser un immeuble sans toucher à un cheveu des locataires. Etrange vantardise !

Je ne suis pas un va-t’en guerre et souscris parfaitement à l'idée qu’un déferlement de Tsahal à l’intérieur de la bande de Gazza serait une fort mauvaise idée, mais tous les spécialistes militaires nous assurent soir et matin qu’ils connaissent avec précision les cibles qui feraient un mal considérable aux chefs  du Hamas mais que pour des raisons x, y, ou z, il ne faut pas toucher. Secret militaire ! Je veux bien mais le simple bon sens nous dit qu’il y a deux types de cibles dont la destruction réduirait considérablement le zèle guerrier du Hamas. Ce sont d’abord les innombrables ateliers où sont fabriqués les missiles et d’autre part les villas luxueuses où logent les chefs. Et que l’on ne me dise pas qu’Israël ignore leur emplacement. Aucun atelier de fabrication de missiles n’a été pulvérisé dans cette guerre; on le saurait, et puis ça ferait un bruit d’enfer, accompagné de pertes civiles. Quant aux patrons du Hamas, ils se baladent avec nonchalance au vu et au su des Gazzaouites et d’Israël. Pas touche!

J’ai écouté attentivement hier soir le discours prononcé par Bibi pour décourager ses partenaires de la coalition de déserter le navire dans une période critique. Il s’agissait en fait d’un discours auto apologétique : je suis moi Bibi un homme qui en a ; je l’ai prouvé à maintes reprises, tant sur le plan militaire que politique. On le sait et personne n’en disconvient. Et pourtant, Bibi a peur et le Hamas triomphe. La vraie question est de savoir de quoi a-t-il peur ?

Mon intuition me dit qu’il a peur des réactions de l’opinion internationale, tout simplement. Parce que soyons clairs : sachant que les ateliers de confection de missiles sont planqués dans des immeubles d’habitations, dans des hôpitaux, dans des écoles, un attaque aérienne même ciblée contre ces usines de mort, provoquerait nécessairement des pertes du côté gazzaouï. Quant aux chefs du Hamas et plus particulièrement au dernier arrivé, Yahya Sinouar, le plus redoutable et le plus déterminé, qui brandit fièrement lors d’une diatribe aux habitants de Gaza, un pistolet saisi à la patrouille qui est rentrée à Gaza, avec le succès que l’on connait, pas question de les éliminer. Et pourquoi ? « Votez Bibi, qui est fort contre le Hamas» nous expliquait sa dernière affiche électorale. Il y a maldonne quelque part.

M’est avis que Bibi n’a effectivement pas peur du Hamas, il a peur de l’Allemagne, de la France, de L’Union Européenne, de l’ONU, des médias internationaux, de l’opinion publique occidentale, des Juifs américains, qui hurleront à la lune si des Gazzaouïs sont tués lors d’attaques contre les stocks et les ateliers de fabrication des missiles qui ont déferlé sur Israël. Descendre Sinouar en pulvérisant sa maison ou sa cache, serait assimilé à un meurtre de sang-froid. Bibi, à force de fréquenter des dirigeants européens bien propres sur leur personne, s’est policé avec les années. Il est devenu un Chef d’Etat comme les autres. Le problème est qu’Israël n’est pas un Etat comme les autres. Israël est un Etat, ceinturé, menacé, en danger existentiel permanent. Gaza regorge de munitions, pour certaines d’entre elles fort sophistiquées importées d’Iran. Il est interdit de permettre aux Gazzaouis de les détenir, d’en fabriquer d’avantage, de les sophistiquer sans cesse avec le know how iranien. Le Hamas est en train de devenir un second Hezbollah qui, lui, détient des dizaines de milliers d’armes qu’il s’est procuré avec l’acceptation tacite d’Israël puisque ce dernier, globalement, a laissé faire.

Aujourd’hui, Gazza ne dispose pas seulement d’armes mais d’un leader charismatique, qui n’a pas été pourri, comme Ismaïl Haniyeh par les querelles politicardes palestiniennes. Gaza a enfin son Nassrallah, et ce n’est pas de bonne augure. Vingt-deux ans passés dans les prisons israéliennes vous forment un homme !

Face à lui, nous avons un homme d’Etat exceptionnellement doué qui s’appelle Bibi. Seulement Bibi s’est d’abord policé,  comme nous l’avons écrit plus haut. Bibi est menacé de toutes parts, du fait des Affaires qui le fragilisent, de sa majorité qui se disloque, des Chefs militaires israéliens, un tantinet gauchos, qui ne reçoivent pas des ordres clairs et tranchants, de l’opinion occidentale qui nous déteste ; plus encore qu’elle ne déteste Trump.


Est-ce une raison de mettre Israël en danger ? En danger de bienpensence, de "que penseront les Goyim" ? Je ne le crois pas. 

2 commentaires:

  1. C'est bien analysé, mais il y a un autre élément à prendre en compte : le plan de paix américain (qui tarde à paraître).
    Une guerre totale au Hamas serait bienvenue, mais permettrait à ce dernier de passer une nouvelle fois pour une victime. Le Hamas aurait alors beau jeu de refuser le plan (ce qu'il fera de toute façon) en prétextant les opérations israéliennes que la " communauté internationale " ne manqueraient pas de condamner comme elle en a l'habitude.

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  2. Un aspect qui me semble être négligé dans cet article : le côté aventureux. Israël et ses ennemis (Hezbollah, Hamas, Autorité palestinienne et peut-être Iran) c'est le fameux "je te tiens tu me tiens par la barbichette..." Renverser ces ennemis est à la portée d'Israël c'est incontestable mais il y a un manque de volonté. Un manque de vision peut-être. Quoi à la place du Hamas ? L'Autorité palestinienne rien de moins sûre. A la place de l'Autorité palestinienne le Hamas ou l'Etat islamique. La crainte d'une porte ouverte sur l'inconnu vers le pire et la déstabilisation.

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 Et si on profitait de cette accalmie de roquettes pour parler des Harédim. Pardon, de certaines mouvances hassidiques, pour qui, la néglige...