jeudi 5 avril 2018

Dans tous les pays la fête de la Libération est aussi la fête de l’Indépendance. Seul Israël se distingue - une fois de plus - en célébrant deux fêtes distinctes

Dans tous les pays la fête de la Libération est aussi la fête de l’Indépendance. Seul Israël se distingue - une fois de plus - en célébrant deux fêtes distinctes : Pessa’h (Pâques) qui célèbre le passage de l’état d’esclavage à celui d’hommes libres et, le Jour de l’Indépendance de l’Etat d’Israël ou Yom Haatsmaout qui est célébré peu après Pessa’h. La meilleure preuve, lendemain du premier jour de Pessa’h, j’ai vu des employés municipaux suspendre des drapeaux israéliens un peu partout dans ma ville ; signe indiscutable que nous approchons de l’Indépendance Day.

3260 ans séparent la Fête de la Libération du Yom Haatsmaout, Jour de l’Indépendance. Un sacré bail. Certains me diront que mon décompte est inexact. Que la Fête de l’Indépendance a été célébrée 40 ans après la sortie d’Egypte, en ce jour magnifique où les eaux du Jourdain se séparèrent miraculeusement pour laisser les Hébreux, conduits par Josué, entrer en Terre sainte, les pieds au sec, pour la conquérir. D’autres me diront que l’Indépendance Day a été proclamé le jour où Israël s’est vu décerner un roi, Saül, en l’occurrence. Certains me rétorqueront que le roi Saül n’a pas vraiment marqué son époque et que le véritable jour de l’Indépendance est celui où le roi Salomon a inauguré le Temple à Jérusalem. Et tous auront raison. 

Si nous comprenons, à peu près, ce que symbolise la Fête de la Libération d’Egypte que nous avons déjà célébré, si mon décompte est bon, 3330 fois, l’Indépendance Day, Yom Haatsmaout, soulève certains problèmes.

La sortie d’Egypte est d’autant plus facile à comprendre qu’elle peut être adoptée par tous les individus, groupes sociaux, entités territoriales qui, un jour, ou progressivement, sont passés de l’état de vassal, dhimi, pauvre, esclave, assujetti de quelque manière que ce soit, à l’état d’homme libre, en situation de vivre à sa guise, d’aller où il veut, et/ou d’emm…er l’autre par sa singularité. C’est une des raisons pour lesquelles Obama adorait fêter le Séder de Pessa’h à la Maison Blanche en compagnie de ses Juifs de cour, et même le tout juste élu premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, compare la tentative d’infiltration en Israël de milliers de Gazaouis à la Sortie d’Egypte des Hébreux.  Comme disait l’autre : le Jour de Pessa’h ça ne mange pas de pain et on peut le mélanger à toutes les sauces.

Le Jour de l’Indépendance, de l’Etat d’Israël est beaucoup moins consensuel et infiniment moins populaire sur la planète terre.

Une des caractéristiques d’un Etat indépendant est la sauvegarde de sa souveraineté territoriale. Les Gazzaouis poussés, tirés par le Hamas ont voulu contester cette souveraineté en mettant à bas la frontière qui sépare Israël de la bande à Gaza (comme la bande à Bonnot) afin d’aller gambader à travers champs et villes, librement et sans contraintes. Les soldats de Tsahal les en ont empêché. Quoi de plus naturel et logique. Or voilà que pour la planète terre, Israël est devenu un monstre sanguinaire. Que nenni, Israël s’est contenté de veiller à un des aspects incontournables de l’Indépendance de l’Etat, à savoir protéger sa frontière de l’invasion des barbares.

La Fête de Pâques qui célèbre la sortie des Hébreux d’Egypte, s’est transformée en une métaphore commode et sympathique: la Fête de la Libération universelle,  pour les non juifs (et pour pas mal de juifs aussi) alors que le Jour de l’Indépendance de l’Etat d’Israël est une calamité universelle pour les Arabes, les sympathisants des Arabes, et tous les bobos bien-pensants, dont bon nombre de Juifs.

Combien d’individus se sentent réellement concernés par le Jour de l’Indépendance de l’Etat? Sur les 8.5 millions d’habitants qui peuplent l’Etat d’Israël il faut ôter au bas mot 2 millions d’Arabes, de Chrétiens et autres ethnies. Il n’en reste plus que 6.5 millions. Sur ces 6.5 millions il faut enlever une grande majorité des Juifs orthodoxes  qui considèrent que la fondation de l’Etat est au pire une malédiction, au mieux un non-sens. Il ne reste que quelques 5.5 millions d’individus. De ceux-là il faut ôter les ultra-Gauchos inconditionnels des Arabes; nombre difficile à estimer mais non négligeable.  Je n’ose pousser le calcul en ne prenant en compte que les hommes et femmes âgés de plus 18 ans, en âge de voter et de servir à l’armée. Bref, disons qu’il ne reste plus grand monde à se réjouir de l’initiative historique prise par Ben Gurion  le 14 mai 1948. A ceux-là on peut ajouter quelques centaines de milliers de Juifs de Diaspora des Israéliens qui ont décidé de vivre leur sionisme aux Etats Unis, en Allemagne ou à Tambouctou. Faites vos comptes.

On raconte l’histoire, imaginaire bien sûr, de la famille qui fête Le Seder à Brooklyn. Au moment de chanter « L’année prochaine à Jérusalem » la mère de famille se met à pleurer à chaudes larmes. Son mari l’interroge : pourquoi pleures-tu ? » Et la femme de répondre : mais je ne veux pas aller à Jérusalem, je suis bien ici » Et pour la consoler le mari répond : « It’s juste a song Darling » Tout est dit.


Ma conclusion personnelle est que je suis heureux et me considère chanceux de fêter consécutivement deux événements qui ne se situent pas sur le même registre. L’un retrace le moment lointain où des individus se sont constitués en un peuple AM, l’autre, que j’ai le privilège de vivre, contrairement à mes ancêtres qui n’ont jamais vu le drapeau d’Israël flotter sur leurs maisons. Alors j’entonne à Pessa’h et à Yom Haatsmaout, le Hallél, avec bénédiction, et tant pis pour les haineux et les jaloux.

1 commentaire:

 Et si on profitait de cette accalmie de roquettes pour parler des Harédim. Pardon, de certaines mouvances hassidiques, pour qui, la néglige...