Dans tous les pays la fête de la Libération est aussi la fête de l’Indépendance.
Seul Israël se distingue - une fois de plus - en célébrant deux fêtes distinctes :
Pessa’h (Pâques) qui célèbre le passage de l’état d’esclavage à celui d’hommes
libres et, le Jour de l’Indépendance de l’Etat d’Israël ou Yom Haatsmaout qui est
célébré peu après Pessa’h. La meilleure preuve, lendemain du premier jour de
Pessa’h, j’ai vu des employés municipaux suspendre des drapeaux israéliens un
peu partout dans ma ville ; signe indiscutable que nous approchons de l’Indépendance
Day.
3260 ans séparent la Fête de la Libération du Yom Haatsmaout, Jour de l’Indépendance.
Un sacré bail. Certains me diront que mon décompte est inexact. Que la Fête de
l’Indépendance a été célébrée 40 ans après la sortie d’Egypte, en ce jour magnifique
où les eaux du Jourdain se séparèrent miraculeusement pour laisser les Hébreux,
conduits par Josué, entrer en Terre sainte, les pieds au sec, pour la
conquérir. D’autres me diront que l’Indépendance Day a été proclamé le jour où
Israël s’est vu décerner un roi, Saül,
en l’occurrence. Certains me rétorqueront que le roi Saül n’a pas vraiment
marqué son époque et que le véritable jour de l’Indépendance est celui où le
roi Salomon a inauguré le Temple à Jérusalem. Et tous auront raison.
Si nous
comprenons, à peu près, ce que symbolise la Fête de la Libération d’Egypte que
nous avons déjà célébré, si mon décompte est bon, 3330 fois, l’Indépendance Day,
Yom Haatsmaout, soulève certains problèmes.
La sortie d’Egypte est d’autant plus facile à comprendre qu’elle peut
être adoptée par tous les individus, groupes sociaux, entités territoriales
qui, un jour, ou progressivement, sont passés de l’état de vassal, dhimi, pauvre,
esclave, assujetti de quelque manière que ce soit, à l’état d’homme libre, en
situation de vivre à sa guise, d’aller où il veut, et/ou d’emm…er l’autre par
sa singularité. C’est une des raisons pour lesquelles Obama adorait fêter le
Séder de Pessa’h à la Maison Blanche en compagnie de ses Juifs de cour, et même
le tout juste élu premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, compare
la tentative d’infiltration en Israël de milliers de Gazaouis à la Sortie
d’Egypte des Hébreux. Comme disait l’autre :
le Jour de Pessa’h ça ne mange pas de pain et on peut le mélanger à toutes
les sauces.
Le Jour de l’Indépendance, de l’Etat d’Israël est beaucoup
moins consensuel et infiniment moins populaire sur la planète terre.
Une des caractéristiques d’un Etat indépendant est la sauvegarde de sa
souveraineté territoriale. Les Gazzaouis poussés, tirés par le Hamas ont voulu
contester cette souveraineté en mettant à bas la frontière qui sépare Israël de
la bande à Gaza (comme la bande à Bonnot) afin d’aller gambader à travers
champs et villes, librement et sans contraintes. Les soldats de Tsahal les en
ont empêché. Quoi de plus naturel et logique. Or voilà que pour la planète
terre, Israël est devenu un monstre sanguinaire. Que nenni, Israël s’est
contenté de veiller à un des aspects incontournables de l’Indépendance de l’Etat,
à savoir protéger sa frontière de l’invasion des barbares.
La Fête de Pâques qui célèbre la sortie des Hébreux d’Egypte, s’est
transformée en une métaphore commode et sympathique: la Fête de la Libération
universelle, pour les non juifs (et pour
pas mal de juifs aussi) alors que le Jour de l’Indépendance de l’Etat d’Israël
est une calamité universelle pour les Arabes, les sympathisants des Arabes, et
tous les bobos bien-pensants, dont bon nombre de Juifs.
Combien d’individus se sentent réellement concernés par le Jour de l’Indépendance
de l’Etat? Sur les 8.5 millions d’habitants qui peuplent l’Etat d’Israël il
faut ôter au bas mot 2 millions d’Arabes, de Chrétiens et autres ethnies. Il n’en
reste plus que 6.5 millions. Sur ces 6.5 millions il faut enlever une grande majorité
des Juifs orthodoxes qui considèrent que
la fondation de l’Etat est au pire une malédiction, au mieux un non-sens. Il ne
reste que quelques 5.5 millions d’individus. De ceux-là il faut ôter les ultra-Gauchos
inconditionnels des Arabes; nombre difficile à estimer mais non
négligeable. Je n’ose pousser le calcul
en ne prenant en compte que les hommes et femmes âgés de plus 18 ans, en âge de
voter et de servir à l’armée. Bref, disons qu’il ne reste plus grand monde à se
réjouir de l’initiative historique prise par Ben Gurion le 14 mai 1948. A ceux-là on peut ajouter quelques centaines de milliers de Juifs de Diaspora
des Israéliens qui ont décidé de vivre leur sionisme aux Etats Unis, en Allemagne
ou à Tambouctou. Faites vos comptes.
On raconte l’histoire, imaginaire bien sûr, de la famille qui fête Le
Seder à Brooklyn. Au moment de chanter « L’année prochaine à Jérusalem »
la mère de famille se met à pleurer à chaudes larmes. Son mari l’interroge :
pourquoi pleures-tu ? » Et la femme de répondre : mais je ne veux pas
aller à Jérusalem, je suis bien ici » Et pour la consoler le mari répond :
« It’s juste a song Darling » Tout est dit.
Ma conclusion personnelle est que je suis heureux et me considère chanceux
de fêter consécutivement deux événements qui ne se situent pas sur le même registre. L’un
retrace le moment lointain où des individus se sont constitués en un peuple AM,
l’autre, que j’ai le privilège de vivre, contrairement à mes ancêtres qui n’ont
jamais vu le drapeau d’Israël flotter sur leurs maisons. Alors j’entonne à
Pessa’h et à Yom Haatsmaout, le Hallél, avec bénédiction, et tant pis pour les
haineux et les jaloux.
H'azak et H'ag Sameah' :)
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