jeudi 12 juin 2014

Le Judaïsme, la religion méprisée et humiliée face au Christianisme, la religion disqualifiée.

En 1139, rabbi Yéhouda Hélevi, qui fut un des plus grands penseurs juifs de tous les temps, écrit son livre Le Kuzari (que je vous conseille vivement; il existe une excellente traduction en français) « le livre pour la défense de la religion méprisée et humiliée ». Drôle de titre pour un Livre, me direz-vous, et pourtant il n’y en a pas de meilleur. Car au XII e siècle comme 1000 ans auparavant et  800 ans après, la religion juive, le peuple juif et tout ce qui se rapporte de près ou de loin au Judaïsme est l’objet de toutes les moqueries et de toutes les persécutions. 

La faute à qui ? La réponse est parfaitement claire, au Christianisme, qui tient le discours suivant : il n’est pas concevable que le Père aimant, celui qui est aux  cieux, puisse se comporter d’une façon aussi ignoble avec son peuple élu, Israël. Un père, qui par définition ne peut qu’aimer son fils, est tenu de le soutenir, de le protéger ou tout du moins de faire en sorte qu’il ne soit pas la risée du monde. Une conclusion donc s’impose: le Père n’aime plus son fils ainé et décide de reporter son affection sur son fils cadet; lire l’Eglise apostolique et romaine, et par voie de conséquence tous ceux qui s’en réclament.  Qu’en  est-il des Hébreux et des juifs alors ? Selon un exemple imagé qui m'a été soufflé par le Rav Eran Tamir, c’est comme une équipe de foot dont l’entraineur de la sélection nationale change tous les joueurs. Que deviennent les joueurs qui ont été exclus de l’équipe ? Ils disparaissent tout simplement. Les quelques joueurs survivants exclus de la sélection, continuent çà et là  à traîner leur misère, soit en jouant au foot dans des équipes de second ordre, soit en changeant de métier, soit en se laissant mourir de honte. Mais the show must go on et la nouvelle sélection nationale recrutée par l’entraineur tout puissant imprime sa loi dans toutes les compétitions. Et il est vrai qu’il en a  été ainsi pendant près de deux mille ans. D’un côté la chrétienté triomphante, nouvel Israël, enfant chéri et gâté de l’Entraineur en chef, et de l’autre, la religion humiliée et méprisé, et oubliée par Notre-Père-qui-êtes-aux-cieux, qui l’a laissée tomber parce que décidément cette équipe jouait trop mal sur le terrain et se comportait trop mal en ville. Objectivement cette parabole s’est vérifiée  jusqu’à la fin du XIX e siècle.

A ce moment on sent quelques frémissements: des Juifs qui se faisaient appeler Amants de Sion, Palestiniens, Sionistes, peu importe, commencèrent à apparaître sur la Terre dite « sainte » par l’Eglise. Ils enlevèrent les ronces, plantèrent, récoltèrent, se multiplièrent. Des copains vinrent les rejoindre. Et ne voilà-t-il pas que cinquante ans plus tard, le peuple-religion méprisé et humilié s’offre le luxe de se doter d'un Etat indépendant et, peu de temps après, ayant avoir vaincu et humilié trois armées arabes, multiplie par trois son territoire.

Une question se pose à ce stade : qu’en est-il de la théorie prônée par Rome selon laquelle le peuple d’Israël, le fils aîné, aurait perdu les faveurs de son Dieu qui les reporte sur l’Eglise, apostolique et romaine ? Or il semblerait que ce ne soit plus le cas. Dieu a-t-il changé d’avis ou bien a-t-il estimé que le moment était venu pour accomplir ses promesses envers le seul peuple qui méritait à la fois la délivrance politique du joug des nations et la remise à l’honneur de sa « religion méprisée ». Quid alors de l’Eglise apostolique et romaine ? Ne doit-elle pas prendre conscience, après la renaissance d’Israël, que son discours bi-millénaire est tombé à plat et par conséquent accepter de le réviser de fond en comble. Considérer par exemple que la seule voie possible pour ses ouailles consiste à oublier une doctrine obsolète et se rapporter à la foi d’Israël qui recommande aux Nations de se conformer aux 7 Lois noahides, seule manière de se conformer à la Loi divine.

Ce n’est manifestement pas la voie que préconise le Vatican, malgré tout fortement ébranlé par la renaissance d’Israël. Comment l’Eglise compte-t-elle se sortir de ce piège ? Eh bien tout simplement en considérant que la renaissance d’Israël est un épisode éphémère, une anomalie, un hoquet de l’Histoire qui disparaîtra aussi vite qu’il est venu. La meilleure preuve est que le dernier pape en chef, lors de son voyage «  en terre sainte » s’est appliqué à ne pas prononcer une seule fois le mot « Israël », à demander (heureusement, sans l’obtenir) que le bouclier de David qui figure sur les ambulances soit effacé au profit de la Croix.  

Rien n’empêche par ailleurs le Saint Siège à  vouloir accélérer le processus de disparition d’Israël en soutenant, symboliquement, bien sûr,  les ennemis d’Israël en se recueillant longuement devant le « mur de la honte » couvert de graffitis appelant à la disparition d’Israël.

 Rien n’empêche le Pape à organiser une prière multiconfessionnelle: Chrétiens, Juifs, Musulmans dans les murs du Vatican ; j’allais écrire dans les « caves » du Vatican, là, où, selon la chrétienté, tout se passe. Or, si nous suivons le raisonnement développé plus haut, plus rien ne se passe au Vatican, disqualifié par l’Entraineur en chef, depuis la renaissance d’Israël. La nouvelle équipe de foot qui donne le ton dans le grand jeu de l’Histoire et de la Foi n’est plus le Christianisme mais le Judaïsme ; il ne peut y avoir deux Sélections !

L’enthousiasme de Shimon Peres de participer à cette mascarade vaticanesque ne m’a pas trop plu. Le Président de l’Etat d’Israël n’a rien à faire au Vatican, ni dans ses murs, ni dans ses caves, ni dans ses jardins; d’autant plus que l’alliance objective entre l’Islam et le Catholicisme de voir Israël rayé des cartes du temps et de l’espace, place Israël en minorité face à ses deux pourfendeurs. Le simple fait de demander à Abbas et Peres de prier ensemble avec le Pape au Vatican vise à insister sur la centralité théologique de Rome et de la Chrétienté, ce qui devrait être inacceptable. Je me demande d'ailleurs comment aurait réagi Rubi Rivlin, le successeur de Peres à la présidence de l’Etat, face à cette invitation.

Il s’agit donc bien d’une alliance objective entre le Catholicisme et l’Islam, tant chiite que sunnite, pour voir disparaître au plus tôt cette anomalie de l’Histoire qu’est l’Etat d’Israël. Je dis bien catholique, car les Protestants ont un programme différent pour ce qui est des Juifs installés sur la terre de leurs ancêtres. Ils souhaitent, à la différence des Catholiques, favoriser l’Etat d’Israël et le retour des juifs de la diaspora, afin qu’à la fin de l’Histoire, leur messie bien aimé fasse son come-back et alors, tous les Juifs décideront de le reconnaître.


J’attire donc en passant l’attention des Juifs sur la circonspection qu’il y a lieu de faire preuve vis-à-vis des mouvements protestants et évangélistes de toute nature, et ils sont légion en Israël. Ne pas accepter ni leur argent, ni leurs écrits, ni leurs beaux discours. Cela comprend aussi tous les penseurs  et écrivains chrétiens-amis-d’Israël qui sévissent sur la toile ou lors de conférences tant en Israël que dans la Diaspora.  Leur attachement à Israël n’est pas trop cacher, même si sur un plan circonstanciel il est utile de s’allier avec eux.  

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