Il était une fois un Rabbin très vieux, très savant et très écouté,
qui était la référence absolue du monde de la Torah ; lituanien certes,
mais à partir du moment où les grandes Yéshivot en Israël sont Lituaniennes et
qu’elles donnent le ton à l’enseignement de la Torah, ce rabbin constituait la référence
absolue. Il avait le pouvoir de faire lever, défiler, et même marcher sur la
tête, les Yéshivistes qui lui obéissaient au doigt et à l’œil. Or, précisément,
devant le danger que représentait la
conscription des Yéshivistes, il décréta, avec ses collègues, une journée
de prières, protestation, manifestation, mauvaise humeur, pour la plus
grande gloire de la Torah.
Je ne suis pas contre, je suis même tout à fait pour. L’étude
de la Torah représente, à mon sens, le
socle qui a permis de faire perdurer la Nation juive dans la sombre Galout, et son étude doit continuer, en Israël comme ailleurs. Je me proposais donc, moi qui
ne porte pas de chapeau noir à larges bords, qui me rase la barbe, qui prend pas mal de libertés avec la Loi de
Moïse, mais qui l’étudie quand même à la mesure de mes faibles moyens, de participer à cette manifestation jérusalémite
pour la plus grande gloire de la Torah d’Israël.
Seulement voilà j’ai lu ce matin dans un site on ne peut
plus religieux, un texte qui m’a posé problème et m’a dissuadé de me rendre à
Jérusalem. Un Monsieur fort respectable
qui s’occupe du rapprochement des cœurs (בקירוב לבבות) lire: d’établir des passerelles entre les ultra-religieux et les pas religieux du
tout, s’est rendu chez ce rabbin et lui a demandé s’il fallait mener une
campagne de sensibilisation auprès de non-religieux afin de les amener à participer à la manifestation de Jérusalem. Le
grand Rabbin a réfléchi, pas longtemps il est vrai, et a répondu : « afin
que les prières soient reçues il faut que les participants possèdent des mérites (בשביל שיתקבלו התפילות צריך זכויות) »
et de rajouter « et je
crains qu’il vaut mieux que des gens dépourvus de mérites n’assistent pas à la
prière (אני חושש שלא כדאי שאנשים ללא זכויות ישתתפו בתפילה)
J’en ai donc conclu que moi, qui
suis si dépourvu de mérites, ne suis pas le bienvenu à la prière collective
à Jérusalem, qui ne devra comporter que des chapeautés et des barbus. Moi,
passe encore, mais tous les Israéliens qui ont servi leur pays et aidé leurs
semblables de toutes les manières possibles et imaginables et, qui respectent
la Torah, sans pour autant y consacrer tous leurs moments libres, parce qu’il
faut bien faire chauffer la marmite, ils ne sont pas non plus les bienvenus et leurs
prières ne seraient donc pas reçues ?
Cela m’a amené à ma poser
plusieurs questions
- Comment détermine-t-on les
mérites d’un juif ?
- Faut-il nécessairement porter
tous les signes distinctifs religieux pour posséder des mérites?
- Est-ce la meilleure façon de
rapprocher ceux qui croient au Ciel et ceux qui y croient moins, voire pas du
tout, que de refouler ainsi les "non méritants" ?
Et la question qui tue :
- Comment
se fait-il que ce rabbin sache qui sont ceux dont les prières sont reçues par
En Haut et qui sont ceux dont les
prières seront rejetées ; pire encore, dont les prières risquent de chambouler
la prière collective de tous ceux qui ont tous les mérites ?
Je rajouterais que le logo qui associe la Torah et les barbelés est du plus mauvais goût
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