vendredi 26 juillet 2013

Election au Grand Rabbinat d’Israël : le Sionisme religieux a perdu une bataille face aux Harédim. Il lui faut affûter les armes.

Il faut replacer l’enjeu  des élections aux Grand Rabbinat d’Israël dans son véritable contexte : une lutte sans merci entre les Ultra-Orthodoxes représentés par le Chass et la mouvance lituanienne  d’une part, et les  Sionistes religieux dont le Chef de file est Habaït Hayéhoudi, dirigé par le Ministre des cultes Naphtali Bennet, d’autre part. Les premiers privilégient l’application stricto sensu de la Loi Juive (Halakha) qui doit continuer à être interprétée comme dans le passé, dans toute sa rigueur. Les seconds, sans contester la Halakha, ont une démarche quasi messianique, considérant que le peuple juif revenu sur sa terre, est la preuve indiscutable que le processus de Délivrance a commencé et que les enjeux dépassent clairement l’application de la Halakha. 
  
Ces deux approches, l’une de nature religieuse, l’autre, politique, illustre bien l’abime qui sépare ces deux composantes du Peuple juif. A noter que si d’avantage de non-religieux (Hilonim) avaient été représentés dans le corps électoral habilité à élire le grand rabbin - ce qui n’aurait été que justice - les Harédim auraient perdu haut la main.  Il est clair en effet que les Hilonim (non religieux) se sentent bien plus proches des Sionistes religieux  et, que l’élection du Grand rabbin de l’Etat d’Israël les concerne bien d’avantage (car elle régule leur vie) que les Juifs Orthodoxes, qui ont tous déjà leur rabbin attitré et se moquent comme de l’an 40 de l’institution même du Grand Rabbinat.   

Depuis Rav Kook, fondateur de l’Institution du Grand rabbinat et  Premier Grand Rabbin ashkénaze en Terre d’Israël à l’époque du mandat britannique, aucun  Grand Rabbin de l’Etat d’Israël n’a placé la vision sioniste en tête et au cœur de sa mission et n’a œuvré autant que lui à rapprocher ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas ; ou plutôt ceux qui disent ne pas y croire, car pour le Rav, les fondateurs non pratiquants du Yishouv étaient une composante essentielle, sans laquelle l’État d’Israël ne pourrait voir le jour et qui, par conséquent,  participaient à l’œuvre divine du Retour des Exilés.

L’objectif de cette élection consistait donc à se placer ou à ne pas se placer dans la mouvance sioniste et fraternelle inspirée par le Rav Kook. Ce but n’a pas été atteint. Dommage, next time !!

A titre personnel je fonde néanmoins des espoirs dans le Rav David Lau qui me parait moins inféodé que son collègue sépharade tant à la mouvance ultra-orthodoxe qu’à son géniteur (bien que j’ai la plus grande estime pour Rav Israël Meir Lau) et qui a œuvré efficacement dans la ville de Modiin au rapprochement entre les religieux et ceux qui le sont moins.

Je crois sincèrement qu’il est largement temps de supprimer le Grand rabbinat bicéphale, ashkénaze et sépharade ? D’abord parce que la population israélienne s’est largement « métissée » au fil des ans, et ensuite, parce qu’un seul et unique représentant du Grand Rabbinat d’Israël aurait autrement plus de gueule, et de poids, tant en Israël qu’à l’Etranger. Je pense aussi qu’il faut revoir de fond en comble le collège électoral qui nomme le grand rabbin.

Les Sionistes religieux qui s’inspirent plus ou moins directement de la pensée de Rav Kook ont perdu, faute d’expérience du pouvoir et du poids des Lobbying, cette bataille ; l’objectif n’est pas Has Vehalila qu’ils gagent la guerre, comme on dit dans les proverbes imbéciles, car il ne doit plus y avoir de « Guerre des Juifs » comme l’a écrit Flavius Joseph, mais qu’ils s’unissent et s’organisent intelligemment pour remporter le prochain round qui aura lieu , en  principe dans dix ans, sachant que l’issue du combat final n’est pas in fine dans la main des hommes.

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