Il faut replacer l’enjeu des élections aux Grand Rabbinat d’Israël dans
son véritable contexte : une lutte sans merci entre les Ultra-Orthodoxes représentés
par le Chass et la mouvance lituanienne d’une part, et les Sionistes religieux dont le Chef de file est Habaït
Hayéhoudi, dirigé par le Ministre des cultes Naphtali Bennet, d’autre part. Les
premiers privilégient l’application stricto sensu de la Loi Juive (Halakha) qui
doit continuer à être interprétée comme dans le passé, dans toute sa rigueur.
Les seconds, sans contester la Halakha, ont une démarche quasi messianique, considérant
que le peuple juif revenu sur sa terre, est la preuve indiscutable que le
processus de Délivrance a commencé et que les enjeux dépassent clairement l’application
de la Halakha.
Ces deux approches, l’une de nature religieuse,
l’autre, politique, illustre bien l’abime qui sépare ces deux composantes du
Peuple juif. A noter que si d’avantage de non-religieux (Hilonim) avaient été
représentés dans le corps électoral habilité à élire le grand rabbin - ce qui n’aurait
été que justice - les Harédim auraient perdu haut la main. Il est clair en effet que les Hilonim (non
religieux) se sentent bien plus proches des Sionistes religieux et, que l’élection du Grand rabbin de l’Etat d’Israël
les concerne bien d’avantage (car elle régule leur vie) que les Juifs
Orthodoxes, qui ont tous déjà leur rabbin attitré et se moquent comme de l’an
40 de l’institution même du Grand Rabbinat.
Depuis Rav Kook, fondateur de l’Institution du Grand
rabbinat et Premier Grand Rabbin
ashkénaze en Terre d’Israël à l’époque du mandat britannique, aucun Grand Rabbin de l’Etat d’Israël n’a placé la
vision sioniste en tête et au cœur de sa mission et n’a œuvré autant que lui à
rapprocher ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas ; ou
plutôt ceux qui disent ne pas y croire, car pour le Rav, les fondateurs non
pratiquants du Yishouv étaient une composante essentielle, sans laquelle l’État
d’Israël ne pourrait voir le jour et qui, par conséquent, participaient à l’œuvre divine du Retour des
Exilés.
L’objectif de cette élection consistait donc à se placer ou
à ne pas se placer dans la mouvance sioniste et fraternelle inspirée par le Rav
Kook. Ce but n’a pas été atteint. Dommage, next time !!
A titre personnel je fonde néanmoins des espoirs dans le Rav
David Lau qui me parait moins inféodé que son collègue sépharade tant à la
mouvance ultra-orthodoxe qu’à son géniteur (bien que j’ai la plus
grande estime pour Rav Israël Meir Lau) et qui a œuvré efficacement dans la ville
de Modiin au rapprochement entre les religieux et ceux qui le sont moins.
Je crois sincèrement qu’il est largement temps de supprimer
le Grand rabbinat bicéphale, ashkénaze et sépharade ? D’abord parce que la
population israélienne s’est largement « métissée » au fil des ans,
et ensuite, parce qu’un seul et unique représentant du Grand Rabbinat d’Israël
aurait autrement plus de gueule, et de poids, tant en Israël qu’à l’Etranger. Je
pense aussi qu’il faut revoir de fond en comble le collège électoral qui nomme le
grand rabbin.
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