Le commandement Lo iylbash, qui peut se traduire
littéralement par « ne pas porter (un vêtement) » fait partie des mitsvot
négatives mentionnées dans la Torah. Il s’applique à la fois aux hommes qui
s’habillent en femme et/ou qui portent des signes ou des bijoux distinctifs
attribués généralement au sexe féminin, et aux femmes qui imitent les hommes
dans leur habillement ou par leur comportement. Il
s’agit d’un Commandement pris très au sérieux non seulement par les juifs
religieux mais aussi par les juifs traditionalistes qui répugnent aux emprunts
vestimentaires d’un sexe par l’autre. Ce commandement bien évidemment a été
largement disséqué par les
décisionnaires car il n’est pas évident de savoir où commencent et ou se
terminent les signes distinctifs qui caractérisent un sexe ou l’autre.
Je ne me serais pas intéressé à ce point de Halakha (Loi juive) si je n’étais
pas tombé sur un article publié par le site Kikar hashabath dans lequel un
décisionnaire éminemment respectable, abondamment sollicité par une foule de gens
qui demandent sa bénédiction et ses
conseils n’avait pas clairement innové en la matière. Le Rav a coutume de
demander à ces solliciteurs en échange de sa bénédiction de parfaire tel ou tel
point dans leur comportement ou dans leur aspect ; ce qui est normal et
légitime. Cette fois il a insisté sur l’interdiction pour les hommes de porter
une montre à leur poignet. Cette interdiction rentrerait selon lui dans le
cadre de « ne pas porter ». Il justifie sa position par le fait que d’autres
éminents décisionnaires avant lui ne portaient pas de montre au poignet et que lui-même
a cessé d’en porter une lorsqu’il a appris que ses illustres prédécesseurs n’en
portaient pas.
Cette demande singulière me pose deux problèmes :
D’abord je ne vois pas en quoi une montre portée au poignet
par un homme puisse s’assimiler de près ou de loin à un bijou féminin et entrer
dans le champ de la coquetterie féminine. S’il s’agit d’une montre de grande
valeur destinée à marquer le statut social de son possesseur, il s’agirait d’un
autre type de dérive liée au show off .
Mais surtout je suis choqué par la futilité de cette
prescription par les temps qui courent. N’y a-t-il pas d’autres recommandations
plus urgentes et plus importantes à faire à ses semblables dans un monde rempli
de déviations et de périls. Comment un grand d’Israël peut s’attacher à
demander aux Juifs qui viennent le voir de ne plus porter de montre à leur
poignet, alors que le Moyen-Orient brûle, qu’Israël est menacé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontière? Comment peuvent réagir
les israéliens non-observants à ces interprétations de la Loi juive ? Quel
crédit accorder aux décisionnaires de notre génération quand ils se préoccupent de shtouïot, comprendre bêtises ?
Si cet article avait paru dans Haaretz, soucieux de décrédibiliser
systématiquement le monde religieux, je n’y aurais pas attaché de l’importance mais il figure sur un
site « casher » consultable par tous.
Triste !!
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