mercredi 13 mars 2013

Le Chaatnez chez les Juifs … et les Chinois


On peut distinguer dans la loi juive deux catégories de Commandements (Mitsvot): les Mishpatim et les ‘Houkim. La première catégorie est composée de Lois qui sont parfaitement intelligibles par l’esprit humain et qui suscitent en général un large consensus : tu ne tueras point, tu ne voleras point…  Les ‘Houkim, par contre, font partie des Lois qui n’ont à priori pas de justification rationnelle. Parmi elles on compte celles qui traitent des Kilayim, (des hybrides) et, qui interdisent de croiser des espèces animales, de greffer ou de semer ensemble des espèces végétales de nature différentes, et enfin, de porter un vêtement combinant le lin et la laine.

Bien qu’il s’agisse d’une loi à priori incompréhensible, les explications ne manquent pas. Ainsi Na’hmanide nous dit :  "D.ieu a créé les espèces de Son monde afin qu’elles émergent ou croissent, chacune selon son espèce, de sorte que celui qui croise deux espèces corrompt l’œuvre de la création". Pour les cabalistes, la laine représente le Hésséd (la bienveillance, la largesse) alors que le lin symbolise le Din, la Gévoura (la sévérité, la restriction). Leur association ne devient possible et même obligatoire que lorsqu’il s’agit d’atteindre une parfaite harmonie, qui ne peut que se matérialiser que dans le service au Temple à venir. Si le mélange laine et de lin est interdit pour le commun des mortels, elle est préconisée pour les vêtements des prêtres (Cohanim) qui servaient dans le Temple (Bet Hamikdash).

En attendant, il convient de choisir son camp : celui d’Abel qui offrit à D.ieu ses moutons ou celui de Caïn qui fit des offrandes en provenance de la terre. Ce Commandement est pris fort au sérieux par les juifs religieux et nul Harédi ne saurait acheter un costume sans obtenir un certificat en bonne et due forme, attestant qu’aucune fibre de lin n’a pu se glisser dans son costume en laine et cachemire, et vice-versa. Cette interdiction de mélange de mélange de fibres de nature différentes porte le nom de Chaatnez ; mot dont l’origine est inconnue. On a pensé pendant des millénaires que les Hébreux étaient les seuls à se préoccuper du Chaatnez, et, on s’est trompé. Un fabricant de tissus de Stockport apporta un jour un échantillon de tissus à une maison de tissus de Leeds. Le patron de la maison de Leeds remarqua que la couleur et les motifs du tissus semblaient bien correspondre aux goûts des Asiatiques et suggéra de les envoyer à ses clients chinois. Il se voit répondre par les gens de Stockport : « on les a déjà vendus en Chine avec un joli profit mais ils nous furent rapidement retournés par les marchands chinois, qui nous ont dit que la composition de ces tissus étaient contraires à leur religion car ils mélangeaient des substances végétales et des substances animales. Ils étaient en effet tissés avec du coton et de la laine.  (North China Herald, February 8, 1851 - Newspaper Archive).  S.M Perelman dans “l’Histoire des Juifs en Chine” rapporte également cet interdit de mélanger des fibres végétales et animales dans un même vêtement, qui serait caractéristique des Chinois habitant au Tibet.  (Paragons Book Reprint Corp. N.Y. Titre original : Jews in Old China 1971).

Étrange, non ?

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