On peut
distinguer dans la loi juive deux catégories de Commandements (Mitsvot): les Mishpatim et les ‘Houkim.
La première catégorie est composée de Lois qui sont parfaitement intelligibles
par l’esprit humain et qui suscitent en général un large consensus : tu ne
tueras point, tu ne voleras point… Les ‘Houkim, par contre, font partie
des Lois qui n’ont à priori pas de justification rationnelle. Parmi elles on
compte celles qui traitent des Kilayim,
(des hybrides) et, qui interdisent de croiser des espèces animales, de greffer ou de semer ensemble des espèces
végétales de nature différentes, et enfin, de porter un vêtement combinant le
lin et la laine.
Bien qu’il
s’agisse d’une loi à priori incompréhensible, les explications ne manquent
pas. Ainsi Na’hmanide nous dit : "D.ieu a créé les espèces de Son monde afin qu’elles
émergent ou croissent, chacune selon son espèce, de sorte que celui qui croise
deux espèces corrompt l’œuvre de la création". Pour les cabalistes, la laine
représente le Hésséd (la bienveillance, la largesse) alors que le lin symbolise
le Din, la Gévoura (la sévérité, la
restriction). Leur association ne devient possible et même obligatoire que
lorsqu’il s’agit d’atteindre une parfaite harmonie, qui ne peut que se matérialiser
que dans le service au Temple à venir. Si le mélange laine et de lin est
interdit pour le commun des mortels, elle est préconisée pour les vêtements
des prêtres (Cohanim) qui servaient dans le Temple (Bet Hamikdash).
En attendant, il convient de choisir son
camp : celui d’Abel qui offrit à D.ieu ses moutons ou celui de Caïn qui fit
des offrandes en provenance de la terre. Ce Commandement est pris fort au
sérieux par les juifs religieux et nul Harédi ne saurait acheter un costume
sans obtenir un certificat en bonne et due forme, attestant qu’aucune fibre de
lin n’a pu se glisser dans son costume en laine et cachemire, et vice-versa. Cette
interdiction de mélange de mélange de fibres de nature différentes porte le nom
de Chaatnez ; mot dont l’origine est inconnue. On a pensé pendant des millénaires
que les Hébreux étaient les seuls à se préoccuper du Chaatnez, et, on s’est trompé. Un
fabricant de tissus de Stockport apporta un jour un échantillon de tissus à une maison
de tissus de Leeds. Le patron de la maison de Leeds remarqua que la couleur et
les motifs du tissus semblaient bien correspondre aux goûts des Asiatiques et suggéra de les envoyer à ses clients chinois. Il se voit répondre par les gens
de Stockport : « on les a déjà vendus en Chine avec un joli profit
mais ils nous furent rapidement retournés par les marchands chinois, qui nous
ont dit que la composition de ces tissus étaient contraires à leur religion car
ils mélangeaient des substances végétales et des substances animales. Ils
étaient en effet tissés avec du coton et de la laine. (North China Herald,
February 8, 1851 - Newspaper Archive). S.M Perelman
dans “l’Histoire des Juifs en Chine” rapporte également cet interdit de
mélanger des fibres végétales et animales dans un même vêtement, qui serait
caractéristique des Chinois habitant au Tibet. (Paragons Book Reprint Corp.
N.Y. Titre original : Jews in Old China 1971).
Étrange,
non ?
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