jeudi 14 mars 2013

Bergoglio dit François, roi ou saint ? Reprise de mon article: Amitiés judéo-chrétiennes, du bout des doigts, du bout des lèvres ?

A l’occasion de l’élection du nouveau pape sud-américain, je vous reproduis un article que j’ai rédigé le 19/05/2009 intitulé « Amitiés judéo-chrétiennes, du bout des doigts, du bout des lèvres » que je trouve en toute modestie assez prémonitoire. Attendons de voir si avec Bergoglio, dit François Ier, la poignée de main entre Juifs et Chrétiens sera plus franche. Très sincèrement, j’en doute, les sympathies de l'Amérique latine vont plutôt aux Palestiniens qu'aux Israéliens.


"Rav Méir Lau fut Grand Rabbin ashkénaze de l'Etat d'Israël entre 1993 et 2003, a reçu le Prix d'Israël pour l'oeuvre de sa vie, et préside aujourd'hui Yad Vashem. J'ai appris à mieux le connaître à travers son livre autobiographique "Ne touche pas à l'enfant", qui ne semble avoir intéressé aucun éditeur français, et c'est bien dommage. Rav Lau est un des plus jeunes rescapés du camp de Buchenwald; il avait 8 ans en quittant le camp en compagnie de son frère aîné qui a su le maintenir en vie. Rav Lau est une personnalité israélienne charismatique et un orateur remarquable. Il a beaucoup oeuvré pour le rapprochement entre les religions, et à ce titre, j'ai cru comprendre, qu'il appréciait particulièrement feu le pape Jean-Paul II. Ce qui n'est manifestement pas le cas du pape actuel, si on lit ses commentaires après le discours papal à Yad Vashém et surtout, si on observe la photo où les deux hommes se serrent la main. Si on peut appeler ça une poignée de main parce que ça n'y ressemble guère. Le pape tend un ou deux doigts de la main gauche, mais sans lever le bras, au point que j'ai cru à un moment qu'il était gaucher. Ce n'est pas le cas; je l'ai vérifié sur d'autres photos. Il est bien et bel droitier mais considère sans doute que Rav Lau ne mérite pas qu'on lui tende la main droite, et pour ce qui est de la gauche, un ou deux doigts négligemment tendus suffisent amplement, sans desserrer le poing et sans lever le bras.

Rav lau n'est pas vraiment en reste et saisit du bout des doigts le doigt qui émerge du poing papal. Rav Lau se fend d'un vague sourire ambigu, qui au moins, donne une certaine expression à son visage, alors que le pape ne regarde pas le rabbin dans les yeux, se contentant d'un visage morne et inexpressif qui dénote l'ennui profond d'avoir à se livrer à ce genre de cérémonial.

Insolite rencontre entre l'enfant devenu rabbin qui a survécu aux camps de concentration en y perdant ses parents et un pape qui a été immergé dans l'univers nazi dès son plus jeune âge. Non, cette rencontre n'avait aucune chance de se passer bien, à moins que...

A moins que, Benoit XVI abandonne un discours cosmopolite et universel sur la souffrance humaine pour appeler un chat un chat, et condamne clairement le système tortionnaire nazi qui a assassiné 6 millions de juifs. Or Benoit n'a jamais donné l'impression tout au long de son périple de se soucier le moins du monde de la souffrance des juifs. Il a même donner l'impression de s'en foutre royalement.

De plus, malgré son plaidoyer en faveur des palestiniens qui souffrent, de par la faute des israéliens, il donne aussi l'impression de s'en moquer; ils ne sont pour lui qu'un prétexte commode pour enquiquiner encore mieux ses hôtes israéliens. Quant aux chrétiens d'Orient, ou du moins ceux qui n'ont pas encore fui le chaudron orientalo-musulman, faute de parents fortunés aux Etats-Unis ou ailleurs, il sont aussi condamnés à moyen terme à déguerpir. Les marques de sympathie du pape à l'égard des palestiniens opprimés par les juifs sont uniquement destinés à l'ensemble du monde musulman pour qu'il se montre un peu plus tolérant envers les Arabes chrétiens; alors qu'il avait au cours de ce voyage une occasion rêvée pour mener une croisade ferme et vigoureuse en faveur des chrétiens d'Orient malmenés par les musulmans. Non, ce qui branche avant tout Benoit c'est de partir à la rencontre de jésus sur la terre où il est né et où il a servi, peu importe que cette terre soit juive ou musulmane. Pour lui, elle est, et restera à jamais, "Jésus-Land". Israël, Palestine, la souffrance des hommes réels faits de chair et de sang, les contingences politiques, sont pour Benoit une sorte d'abstraction. Ce qui compte, c'est Jésus.

Et c'est là où réside la différence entre Jean-Paul II et Benoit XVI. D'un côté il y a eu un homme, un vrai, préoccupé par le malheur des hommes et qui a oeuvré toute sa vie pour les atténuer, quitte à se battre contre des mastodontes, comme les Nazis et le bloc soviétique, de l'autre côté il y a un personnage évanescent qui manoeuvre mollement. Tous les hommes, quelle que soit leur religion, sentent lorsqu'ils ont affaire à un homme généreux ou à un fantôme préoccupé par d'autres fantômes.

De là à croire que Benoit n'est pas un personnage dangereux, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. Rappelons que Benoit, alors Cardinal Ratzinger, a servi d'intermédiaire entre Jean-Paul II et Mgr Lefebvre dont il devait partager la doctrine antilibérale, antisémite et rétrograde, sans pour autant franchir le pas. Ses sympathies actuelles pour les évéques ordonnés par Mgr Lefebvre le prouvent bien ainsi que son désir ardent de réhabiliter Pie XII aux yeux du monde. Ce pape est clairement un ennemi du modernisme et de la tolérance.

A ce stade il faut déjà se poser la question de sa succession; nul n'est éternel. Verra t-on apparaître un pape sud américain (ce qui a failli se produire lors de la dernière élection) altermondiste et tiers-mondiste ou un pape qui reviendra aux valeurs de tolérance prônées par Jean-Paul II. Dans le premier cas de figure l'Eglise catholique adoptera une position franchement anti israélienne en phase avec l'Islam extrémiste et l'ultra gauche antisémite et pro palestinienne, et alors, pauvres de nous! Benoit fait en tout cas ce qu'il faut pour préparer le terrain. Il faut donc espérer que ce ne sera pas le cas et que l'Eglise se réveillera. Sinon il n'y aura plus même de poignée de main molle entre les juifs et les catholiques.

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