lundi 7 janvier 2013

L’angoisse du Rav Ovadia Yosef qui va jusqu’à menacer de faire quitter Israël aux étudiants des Yéshivot qui pourraient être incorporés dans l’armée.


La période pré-électorale en Israël réchauffe considérablement les esprits. Confusément, malgré les sondages, en général plutôt fiables, on s’attend à une surprise de taille. Et la peur de l’inconnu rend cette période plus angoissante  encore que ne pourrait l’être une opération militaire où on sait que Tsahal, tôt ou tard l’emportera.

Une élection en Israël peut transformer radicalement le paysage sociologique de la nation, et la question clé qui taraude à nouveau les esprits reste et demeure l’enrôlement des Bahourey (étudiants) Yeshiva dans Tsahal. Cela est d’autant plus aigu lors de cette élection du fait de  l’apparition sur la scène politique israélienne de deux nouveaux venus.  L’un, Yaïr Lapid, fils de son père, ne donne pas dans la finesse et prône l’égalité totale devant la circonscription. Le second, Naftali Benet, nouveau patron du Baït Hayéhoudi présente un profil plus subtil dans la mesure où il a servi de longues années avec brio dans l’armée mais, qui plus est, est religieux ; d’une » religiosité » certes différente de celle des Harédim (orthodoxes) qui refusent de servir dans Tsahal. Il serait donc possible en théorie de servir dans l’armée, de faire des études supérieures, de réussir financièrement dans le High-Tech, et aussi de prier 3 fois par jour. A quoi les Orthodoxes répondent : O.K, mais il ne sera jamais un grand érudit comme pourraient l’être ceux qui étudient non-stop le Talmud et qui ne peuvent interrompre leur études.

Face à ce paradoxe apparent une  tendance lourde se dessine en Israël : O.K pour qu’il y ait en Israël des Grands Rabins, érudits et tout et tout, mais combien parmi les étudiants des Yéshivot possèdent l’endurance et les capacités intellectuelles pour le devenir ? Moralité, faisons une exception pour une poignée d’étudiants brillants mais que les autres servent dans Tsahal comme tout un chacun. C’était d’ailleurs la vision de Ben-Gourion lorsqu’il a accepté de créer l’exception au Service militaire des Harédim.

Quant au Rav Ovadia Yossef, coutumier de sorties fracassantes, il a déclaré lors de son intervention hebdomadaire du samedi soir que si l’on contraignait les Bahourey Yéshivot de servir dans l’armée, il n’y aurait d’autre solution pour eux que de quitter Israël pour un ailleurs où on leur permettra d’étudier à leur guise. Malgré mon choc initial j'ai été sensible à l’angoisse qui étreint ce Sage pour qu’il se laisser aller à une telle déclaration. Son amour d’Eretz Israël n’est pas discutable ; donc, il perçoit sans doute un danger que nous, commun des mortels, ne pouvons ressentir.

Je me suis souvent laissé aller à stigmatiser les sorties tonitruantes et souvent choquantes de Rav Ovadia Yosef, mais je n’ai pas l’intention d’en faire autant après cette déclaration, qui peut cependant terriblement déranger. Après ce que nous avons vécu pour mériter cette terre ou, après que Hashém, malgré nos erreurs et nos errements, ait décidé qu’il était temps pour le peuple d’Israël d’en prendre possession, qu’un grand rabbin en Israël dise : quittons la, parce que la Torah et ceux qui l’étudient, sont menacés, mérite réflexion.

Il a peut-être raison. Après tout il y a toujours eu en Israël des Sages - et je ne parle pas des Prophètes – qui ont vu plus loin et avec plus de clarté les dangers qui se profilent à l’horizon, et ,il est clair à mon sens que les véritables périls qui menacent Israël, ne viennent pas de l’extérieur mais bien des divisions internes qui écartèlent le pays.

J’ai entendu une opinion intéressante de Rav Oury Cherki qui suggère d’imposer à tous les jeunes qui intègrent l’Université d’étudier au moins deux traités de Talmud, en contrepartie de l’obligation des « religieux » de servir dans l’armée. Que chacun fasse un pas vers l’autre pour mieux se comprendre. Je doute que cette proposition soit reçue mais je la trouve fort pertinente. 

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 Et si on profitait de cette accalmie de roquettes pour parler des Harédim. Pardon, de certaines mouvances hassidiques, pour qui, la néglige...